Quand la stabilité prime sur la démocratie [Rubrique]

Dans une  interview  exclusive accordée, le 20 courant, à notre confrère Jeune Afrique, Emmanuel Macron, dans son statut de mentor avéré des dirigeants d’Afrique francophone, est très sélectif sur les questions de troisième mandat que briguent certains Chefs d’Etat africains.  Il s’ingère pleinement dans la politique de ses Etats anciennement colonisés. Et se trahit en reconnaissant que la France joue bien un rôle  prépondérant dans l’agenda politique ivoirien.
Sur la Côte d’Ivoire, le président français dédouane son serviteur en déclarant : «Je peux vous dire sincèrement qu’il (Alassane D Ouattara) ne voulait pas se présenter à un troisième mandat», qu’il l’a fait par «devoir» après la mort de son dauphin. Alors qu’il se montre plus sévère avec le Chef d’Etat  guinéen. Pour préjuger que : « D’évidence, Alpha Condé a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir.» C’est pour cela que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations.».
Ce  commentaire  paternaliste  de  deux poids deux mesures de Macron, sur les questions de troisième mandat, prouve à suffisance que les dirigeants français ne sortiront jamais de la dynamique de la France-Afrique. D’autant que sur la question très sensible de troisième mandat et d’avènement de  nouvelle Constitution, l’honnêteté intellectuelle interdit à tout individu censé de dissocier les cas ivoiriens et guinéens. Lesquels sont non seulement similaires et constituent indéniablement une entrave à la promotion du système démocratique et à l’alternance sur notre continent.
En réalité, la France, pour la sauvegarde de ses intérêts, se préoccupe plutôt de stabilité que de démocratisation en Afrique. La stabilité sous-tendant sa politique mercantile. Laquelle justifie sa présence militaire accrue actuellement au Sahel.
Contrairement à ce qu’affirment donc  les officiels français, la présence militaire hexagonale au Sahel n’est  autre  chose qu’un moyen de sauvegarde des intérêts de leur pays. Rien que cela ! Il convient de rappeler que  les  entreprises françaises sur le continent africain sont au nombre de 40 mille, dont 14 multinationales d’envergure, comme les géants Total, Areva ou encore Vinci.  La majeure partie de ces entreprises sont implantées en Côte d’Ivoire. Il n’y a quasiment pas d’entreprises françaises  importantes en Guinée.
Dans une analyse publiée sur le média indépendant «l’Orient XXI», on  explique que «la concurrence chinoise menace les intérêts énergétiques et commerciaux occidentaux, en l’occurrence de la France,  en Afrique depuis le début des années 2000». Le Sahel abrite de grandes réserves pétrolières ainsi que des gisements d’uranium et d’or, mais aussi de gaz, de coltan, de cuivre, de grenats, de manganèse et de lithium, de minerais magnétiques et de terres rares». 
Aussi,  dans un rapport du Sénat français de 2013, les parlementaires évoquaient la volonté française d’assurer «un accès sécurisé aux ressources énergétiques et minières» de l’Afrique, à travers l’opération Serval (devenue Barkhane en 2014). Les vendeurs d’armes comme Dassault figurent ainsi  sur la liste des entreprises ayant très clairement un profit à tirer des opérations françaises au Sahel : Serval puis Barkhane. Lesquelles sont l’occasion de tester et de promouvoir les avions de chasse de Dassault et les missiles de la société aéronautique MBDA », note une source française. 
Comme   dirait l’autre : « il n’y a pas d’amitié entre les Etats, mais des intérêts économiques entre eux». Autrement dit, la France ne fera que préserver ses intérêts égoïstes  dans nos Etats. Elle dicte sa volonté politique en Côte d’Ivoire qui est dans son pré carré. Et cherche toujours à ramener la Guinée dans son giron. L’Afrique a donc mieux à faire pour faire face à ce néocolonialisme français. Les élites africaines devront, pour ce faire, se ressaisir pour ne privilégier désormais que les intérêts de leur continent.

Gaoussou Madani Traoré

La Rédaction 
Mandeinfos.com 

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